Une maman qui veut: le lait, la vache et la ferme...

jeudi 1 mars 2012

La leçon de piano ( deuxième partie) : la méthode Suzuki .

« Oui Linus, tu vas faire du piano… »
Madame Calatayud est une douce dame d’un certain âge ( je serai incapable d’être plus précise) , elle a de longs cheveux blancs toujours nattés, une jolie silhouette, des yeux souriants…et deux longues mains toujours en mouvement.
Elle nous a reçus avec beaucoup de douceur en nous expliquant les rudiments de la méthode : un parent toujours présent à la leçon de manière à pouvoir être le répétiteur à la maison, écouter les morceaux tous les jours, chanter les chansons aussi souvent que possible, battre la mesure de tout ce que l’on peut imaginer, un exercice quotidien et précis des consignes données lors de la leçon hebdomadaire d’une heure.
Et pendant la leçon ?
Et bien elle sort une foule de petits objets : clochettes, petites boites pleines d’eau, de riz, de sable, de rien … le silence !.... et elle explore avec les enfants l’univers sonore et rythmique. Puis elle s’installe au piano …. Et là c’est moi qu’elle installe sur le banc ! Les trois premières leçons ont servi à me donner les bases pour pouvoir aider les enfants ! Ils étaient ravis de me voir les doigts raides sur ce pauvre piano , en train d’essayer tant bien que mal de dissocier chaque doigt l’un de l’autre et de faire exécuter à ceux-ci ce que ma tête avait bien comprit…mais il semblerait que sur le chemin il y ait un peu de dispersion de l’information tant ce qui sort du piano ne ressemble pas à la douce chanson que je me chante dans la tête !
Bref ! Elle veut bien mettre mon Linus au piano, alors cela vaut bien un petit effort et une légère humiliation !
Elles les a mis au piano et nous avons commencé le  « tacatac », le «  gâteau j’aime » et le « grand petit » le tout sur une seule variation….Autant vous dire que cela fait maintenant 5 mois qu’ils sont sur la même variation et travaillent chaque doigt de manière indépendante à la recherche du geste qui saura produire le bon son !!!!! Si, si, si , je suis sérieuse « le bon geste » !!!!!!
Et c’est là que je jubile ! Malgré les kilomètres que nous faisons chaque semaine pour aller voir Madame Calatayud, à chaque leçon je repars charmée, enthousiaste, convaincue et aussi franchement amusée par ce qui s’y passe.

Linus y est comme un poisson dans l’eau ! Il s’installe, regarde la petite dame qu’il trouve fort gentille et fait bien tout ce qu’elle fait… le papillon avec sa petite main, un igloo au dessus de chaque note, une petite main pompom , le poignet est un pont qui ne doit pas se casser, il attend sagement son signal pour jouer, laisse durer les sons longs bien plus longtemps qu’elle ne l’imaginait possible ( et oui son rythme biologique est ici un avantage considérable), s’applique à caresser chaque note, est étonnant dans sa concentration, il ne bouge pas , observe et scrute les mains de son professeur.
Linus s’exprime , s’envole, prend de l’ampleur, ses petites mains dansent sur le piano, il dodeline de la tête et chante de sa petite voix son répertoire Suzuki.
Il se moque de la destination il profite pleinement du voyage !


Hector … est comme un lion en cage… il trépigne ! Oui il a comprit ! Et cette note elle est noire ou blanche, pointée ou non, combien de temps fait-elle, on joue legato , forte ? Et où est la partition ? Mais pourquoi ne joue-t-on qu’avec une main puis l’autre….il pose ses mains sur le piano et on sent l’instrument se tendre sous la tension du corps d’Hector !!!
Hector souffre…il ronge son frein, essaye de faire les gestes précis …do,sol,la,sol,fa,mi…..argggggggggggggggg !!!! Il devient fou !
Mais petit à petit Hector accepte , dans la douleur certes, de faire les gestes infiniment petits qu’elle exige de lui, de faire ces micro corrections de la position des doigts qu’elle lui impose.
Je me suis demandée si elle avait vu que la bête était un peu particulière tant elle insistait là où justement c’était si pénible pour lui…
Elle a tout vu ! tout comprit ! Et depuis peu elle lui met des partitions entre les mains, nomme tout de manière assez complexe en lui disant va jusqu’où tu peux et montre moi !
Elle a su l’accrocher, il est maintenant mordu par la complexité et la technicité, mais elle lui donne les moyens de s’amuser avec des petits doigts de plus en plus souples ( enfin c’est une vision de l’esprit bien sûr).
Non je ne regrette rien ! Oui je sais que c’est une torture pour Hector, mais il apprend la patience, la précision et le sens de l’effort qui sont pour lui les trois piliers de son salut .
Je ris beaucoup, je l’avoue ,de le voir se tortiller et essayer de se soumettre … cette petite lutte qu’il mène est très amusante .




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